Dans cette rubrique, nous vous proposons, chaque mois, le décryptage d’un sujet d’actualité ou d’un nouveau concept avec un·e expert·e. Aujourd’hui, concentrons-nous sur l’excédent de trésorerie. Comment l’investir ? Réponse avec Samuel Attali, expert-comptable et commissaire aux comptes chez A.S. Partners.
De quoi parle-t-on ?
Avant de nous plonger dans les différentes options existantes pour placer son excédent de trésorerie, un point rapide sur les basiques. Qu’est-ce qu’un excédent de trésorerie ?
Lorsque votre besoin en fonds de roulement (BFR) est couvert par le fonds de roulement de l’entreprise, le cycle d’exploitation génère un surplus de liquidités. C’est l’excédent de trésorerie.
Que faire en cas d’excédent de trésorerie ?
Bien sûr, il est important de préserver les liquidités de votre entreprise. Mais, plutôt que de les conserver dormantes sur votre compte courant, vous pouvez les utiliser afin de faire fructifier votre trésorerie et enrichir votre entreprise.
Il existe 6 leviers d’optimisation, que nous allons détailler un par un :
Le placement financier,
L’avance en compte courant d’associés,
L’escompte auprès des fournisseurs,
Le financement de nouveaux investissements,
La prise de participation,
Le placement immobilier.
Le placement financier
C’est sans doute celui qui paraît le plus évident. Quand l’entreprise dispose d’un excédent de trésorerie, il est possible de le placer, de la même manière qu’un particulier le ferait. Le but est simple : générer une rentabilité en plaçant les fonds. Le contrat de capitalisation est le principal véhicule du placement financier.
Les avantages du placement financier
Les fonds sont liquides dans la plupart des cas, avec une bonne visibilité sur leur durée d’immobilisation.
C’est la fiscalité traditionnelle sur la plus-value qui s’applique. Concrètement, les gains réalisés pendant la durée du contrat ne sont pas imposés, ils le seront seulement à la sortie, à l’impôt sur les sociétés. Il existe tout de même une taxe forfaitaire annuelle à payer sur le montant des fonds placés (il s’agit d’une avance sur l’impôt sur la plus-value dû à la sortie du plan).
Vous disposez d’une grande flexibilité dans le placement. Vous choisissez votre niveau de risque, ainsi que votre niveau de blocage. Résultat : le produit choisi correspond vraiment à la situation de l’entreprise et à la vision qu’en a le dirigeant.
Les limites du placement financier
Le risque principal est la perte financière en cas de produits trop risqués. C’est pourquoi il faut être bien accompagné·e pour choisir les produits adaptés à votre activité. Votre expert·e-comptable peut vous aider.
Par ailleurs, même s’ils sont limités, le placement financier est une option qui comporte plusieurs coûts. La fiscalité, d’une part, mais également les frais du contrat de capitalisation.
💡 Vous êtes intéressé·e par les placements en crypto-monnaies ? Attention, cela peut créer des pertes financières importantes si vous ne connaissez pas bien le marché. N’hésitez pas à vous faire conseiller par des professionnels, qui bénéficient de toute l’expertise nécessaire.
L’avance en compte courant
Cette option concerne les groupes de sociétés. Si la société A du groupe a besoin d’investissements pour développer une nouvelle activité et que la société B du groupe dispose d’un excédent de trésorerie, elle peut en faire bénéficier la société A. Il s’agit d’un prêt avec un taux d’intérêt, pour rémunérer les fonds placés.
🤓 Le prêt est en général accordé par la société mère, mais il peut également s’agir d’une société sœur.
Les avantages de l’avance en compte courant
C’est une bonne alternative à un prêt bancaire classique. Pas besoin de faire appel à un établissement financier.
Cette option sert les intérêts du groupe à court terme. Les avances sur compte courant sont, en principe, remboursées rapidement. Cela permet d’avoir une solution de financement rapide pour la société qui en a besoin, tout en ne fragilisant pas la trésorerie sur le long terme de la société prêteuse.
Les limites de l’avance en compte courant
Les limites de l’avance en compte courant sont les conditions juridiques qui encadrent ce type de financement. Autorisés par la « Loi Macron » du 06/08/2015, les prêts inter-entreprises restent strictement encadrés. Afin que l’avance en compte courant soit valide, elle doit respecter les conditions prévues au sein de l’article R 511-2-1-1 du Code monétaire et financier.
L’escompte auprès des fournisseurs
Certains fournisseurs proposent de réduire le montant de leur facture si elles sont réglées de façon anticipée. L’escompte représente en général 3% du montant de la facture. Si vous avez un excédent de trésorerie, vous pouvez donc choisir de l’utiliser afin de négocier des conditions préférentielles avec vos fournisseurs.
Les avantages de l’escompte pour règlement anticipé
L’avantage de l’escompte auprès des fournisseurs est simple : vous réalisez des économies. Vos frais d’exploitation diminuent, votre trésorerie et votre marge futures sont optimisées.
Les limites de l’escompte pour règlement anticipé
Si la pratique se démocratise - notamment avec les solutions SaaS, qui proposent en général des abonnements annuels moins chers que les abonnements mensuels - tous les fournisseurs ne sont pas sensibles à ce type de démarche.
Le financement de nouveaux investissements
Afin d’anticiper le futur et être à la pointe de l’innovation, il faut investir continuellement. Achat d’un nouvel outil de production, lancement d’un nouveau marché : ces investissements peuvent être financés grâce à votre excédent de trésorerie. Cela se fait en parallèle d’éventuels autres emprunts contractés auprès de banques.
Les avantages des nouveaux investissements
Vous le comprenez aisément : grâce à ces fonds, vous développez une nouvelle activité ou vous accélérez la croissance d’une activité existante.
Les limites des nouveaux investissements
Bien entendu, il ne faut pas lancer une activité pour le principe de lancer une activité, parce que vous avez des fonds à disposition. Cela doit servir la vision globale et la stratégie de l’entreprise. Le projet doit également être bien délimité afin qu’il ne se traduise pas en pertes.
La prise de participation
Parfois, le développement de l’activité se fait, non pas en finançant de nouveaux projets, mais en prenant une participation dans une société déjà existante, afin de créer des synergies. Il faut qu’il y ait à la fois un intérêt économique et un intérêt business par rapport à votre activité principale.
Les avantages de la prise de participation
Vous optimisez votre trésorerie et vous servez les intérêts de l’entreprise. Vous gagnez du temps dans votre développement.
Les limites de la prise de participation
Il faut effectuer une bonne due diligence en amont et s’assurer que cette prise de participation serve bien l’intérêt stratégique de l’entreprise.
L’achat immobilier
La sixième option est une option « classique », que l’on connaît également en tant que particuliers : il s’agit d’acquérir un bien immobilier — idéalement exploité directement par l’entreprise (entrepôt, bureaux, etc).
Les avantages de l’achat immobilier
L’achat immobilier peut servir à la fois la stratégie de l’entreprise et celle du dirigeant·e. Cela permet de se constituer un patrimoine. Le plus souvent, une SCI est montée pour faire remonter les fonds et financer totalement ou partiellement l’acquisition.
Les limites de l’achat immobilier
La limite principale est l’immobilisation des fonds sur le long terme. Si vous souhaitez conserver des liquidités, l’achat immobilier vous conviendra moins.
Quelles sont les bonnes pratiques pour investir son excédent de trésorerie ?
Vous avez désormais une vue globale sur les leviers pour faire fructifier votre excédent de trésorerie. Reste à savoir comment bien le faire. Voici les recommandations de Samuel :
Soyez bien accompagné·e, qu’il s’agisse d’un·e expert·e-comptable, d’un·e gestionnaire, etc. Votre expert·e-comptable sait notamment quel type de leviers l’entreprise peut activer.
Assurez-vous que la stratégie adoptée pour l’excédent de trésorerie soit totalement alignée sur la stratégie globale de l’entreprise. Par exemple, si l’entreprise veut gagner des parts de marché, il ne sera pas pertinent d’utiliser la totalité de l’excédent de trésorerie dans des contrats de capitalisation.
Anticipez les impacts sur votre trésorerie. En clair, assurez-vous de ne pas immobiliser trop de trésorerie pour ces investissements. Le manque de liquidités pourrait engendrer des difficultés dans la gestion de votre exploitation.
Suivez votre trésorerie de près et faites des points d’étape réguliers, pour vous assurer que la stratégie choisie est toujours pertinente. N'hésitez pas à la réévaluer si besoin.
La phase-clé, à ne pas louper, est celle de la réflexion. Il faut bien réfléchir à la stratégie qui sert le mieux les intérêts de l’entreprise, que ce soit sur le court, moyen ou long terme.
Dirigeants d’entreprises, n’attendez plus et rapprochez-vous de votre expert·e-comptable qui saura vous guider dans ce choix.
Merci à Samuel Attali pour ces recommandations pour investir son excédent de trésorerie. Rendez-vous le mois prochain pour un nouveau décryptage !
