ComptaTech, c’est l’occasion de prendre un peu de recul sur les problématiques de la profession comptable. Alors pour évoquer les transformations liées à la facture électronique, nous avons commencé par le témoignage de Pascal Nègre, ex-PDG d’Universal Music France et fondateur de #NP. Comment l’industrie de la musique s’est-elle adaptée à la transformation numérique du début des années 2000 ? Témoignage (pour visionner la conférence en replay, c’est par ici).
Un bouleversement aux conséquences multiples
Le calme après la tempête ?
Aujourd’hui, la musique enregistrée se porte très bien : l’industrie a retrouvé le pic de chiffre d’affaires de 1999 au niveau mondial (ce qui aura tout de même mis 20 ans). La France, elle, accuse un léger retard. À titre d’exemple, un tiers des Américains possèdent un abonnement à une plateforme musicale, contre seulement 15 % des Français.
Malgré ce retour à la normale, l’industrie fait encore face aux défis liés aux nouveautés technologiques : Paul McCartney a ainsi annoncé travailler à l’enregistrement d’un nouveau titre des Beatles, dans lequel la voix de John Lennon sera recréée par une Intelligence Artificielle.
La question se pose donc toujours : comment intégrer les nouvelles technologies à la création et adapter un modèle économique dont dépendent de nombreux acteurs ?
La chute du disque et ses perdants
Les premiers perdants de la digitalisation de la musique dans les années 2000 sont ceux qui fabriquaient ou vendaient des disques physiques (aujourd’hui, le disque physique ne représente plus qu’un tiers du business de l’industrie). Les distributeurs ont beaucoup souffert, les usines de fabrication de CD aussi.
Au début des années 2000, Universal Music France comptait 275 employés qui travaillaient au stock et mettaient notamment les disques en carton, sur le site d’Antony. La crise est arrivée en 2003, et le site a fini par fermer en 15 ans. Une expérience violente : les employés étaient renvoyés non pas parce qu’ils étaient mauvais, mais simplement parce qu’on n’avait plus besoin d’eux.
Les gagnants de la digitalisation de la musique
L’avantage du digital, c’est qu’il n’y a rien à fabriquer : les coûts sont faibles, ce qui augmente les marges des industriels.
L’arrivée du numérique a également créé de nouvelles missions et de nouveaux métiers :
travail sur les réseaux sociaux
envoi des fichiers sur les plateformes numériques
démarchage des plateformes pour qu’ils sortent la musique
analyse de la donnée
publicité en ligne
De nouveaux acteurs sont apparus, dont les grands gagnants sont bien sûr les nouvelles plateformes d’écoute en ligne (Spotify, Deezer, Apple…).
On peut également citer Believe, une startup française partie de la vente de sonneries téléphoniques pour arriver au stade de quatrième major mondiale aujourd’hui. Leur modèle est différent des majors classiques car ils emploient de nombreux développeurs, alors que les grandes maisons de disques traditionnelles sous-traitent.
Comment réagir à la transformation en tant que dirigeant ?
Gestion des équipes
Une telle transformation peut faire peur, pour autant beaucoup de personnes au sein des entreprises sont capables de s’adapter de manière assez géniale. D’autres au contraire réagissent mal au changement. Le rôle du dirigeant, c’est de s’entourer de personnes qui ont les bons réflexes et ne sont pas effrayés par le numérique. Ce sont en général des jeunes, qui doivent donc être formés sur le cœur du métier. C’est une période passionnante pour la gestion des hommes et des femmes !
Diversification économique
Quand un marché perd 10 % de valeur par an, ses acteurs ne sont pas très sereins. Le réflexe est alors de créer un business connexe. Un collègue de Pascal Nègre a ainsi eu l’idée de créer un abonnement téléphonique pour les enfants et adolescents, le “forfait bloqué”, en partenariat avec SFR, puis Bouygues. Ce forfait a fait un carton ! Cela a permis à Universal Music France de compenser la perte de chiffres d’affaires sur le business classique et de pouvoir conserver tous ses artistes.... ainsi que des parts de marché importantes.
Autre diversification : partant de l’idée qu’il n’y a pas de piraterie dans le spectacle, Pascal Nègre a acheté L’Olympa. C’est pour lui le rôle du chef d’entreprise que de prendre des paris en investissant.
Son conseil : posez-vous la question “Quel business proche du nôtre pouvons-nous trouver qui va pouvoir vendre ?”
Idéation
Pascal Nègre parle d’expérience : tout le monde peut avoir de bonnes idées en entreprise, donc parler avec ses équipes est important ! Restez toujours à l’écoute, et encouragez le brainstorming. Quand une idée émerge, tracez-la sans avoir peur. À vous ensuite de trouver la bonne idée parmi les 50 qui sont sorties.
Anticipation
Pascal Nègre constate que le marché ne sera bientôt plus tourné autour des producteurs, mais des artistes. Beaucoup d’artistes s’autoproduisent déjà, que ce soit pour des raisons artistiques ou financières. Pour être à la pointe de cette nouvelle transformation, Pascal Nègre a donc créé une agence pour accompagner les artistes, avec des gens qui travaillent sur les réseaux sociaux, sur les plateformes, sur l’image… Il s’agit de la plus grande agence d’imprésarios de musique en France, avec une vingtaine de salariés.
Et la comptabilité, dans tout ça ?
Voilà un univers que Pascal Nègre a découvert en devenant entrepreneur : là où il n’avait jamais demandé combien son entreprise avait sur le compte en banque avant, il s’agit maintenant d’un indicateur qu’il suit toutes les semaines. Chez #NP, il a un responsable finance qui passe une bonne partie de son temps sur de l’analytique et l’aide à prendre des décisions. Selon lui, c’est le point essentiel qu’attendent beaucoup d’entrepreneurs. Quant à son expert-comptable, il le sollicite essentiellement pour du contrôle de gestion.
Conclusion
Vous aussi, surfez sur la vague de la facture électronique et tirez-en le meilleur, pour votre cabinet comme pour vos clients ! Pour commencer, on vous encourage à regarder les webinars de notre experte Chloé.