Seuil de rentabilité : définition
Le seuil de rentabilité correspond au chiffre d'affaires minimal qu’une entreprise doit atteindre pour couvrir ses charges fixes et variables. Ce seuil est en quelque sorte le point zéro d’une entreprise : le chiffre d’affaires ne lui permettant pas encore de générer des bénéfices mais où elle n’essuie pas non plus de pertes.
Différence entre seuil de rentabilité et point mort
Le seuil de rentabilité est exprimé en euros, tandis que le point mort correspond à une date (jour, semaine, mois, année). Le point mort correspond au moment où l’entreprise atteint son seuil de rentabilité.
Pour connaître le point mort, il faut calculer le seuil de rentabilité. Une fois ce dernier calculé, on peut définir combien de temps il faudra pour l’atteindre.
Point mort (en jours) = (Seuil de rentabilité / Chiffre d’affaires annuel) × 365
Connaître son seuil de rentabilité est primordial avant de démarrer une activité puisque cela permet de savoir si elle est viable ou non et de la piloter en assurant un équilibre financier.
Dans le cas d’une création d’entreprise, le seuil de rentabilité sera inclus dans votre business plan et votre prévisionnel de trésorerie.
Une entreprise déjà bien installée doit connaître son seuil de rentabilité, notamment si elle prévoit des investissements (matériel, recrutement, recherche et développement, etc.). Cet indicateur lui permet également d’ajuster sa stratégie commerciale.
Puisque le seuil de rentabilité est calculé selon les charges fixes et variables de l’entreprise, il varie d’une entreprise à l’autre, même pour un domaine identique. Un grand groupe n’aura pas les mêmes charges qu’une entreprise de 200 salariés.
Comment calculer le seuil de rentabilité ?
Le seuil de rentabilité est calculé en fonction des charges fixes et des charges variables, ainsi que du taux de marge sur coût variable. On vous explique en détail la formule de calcul.
Voici un exemple que nous utiliserons pour appliquer les formules de calcul : Une entreprise de vente de mobilier vend des chaises à 100 € l’unité. Elle a des charges fixes annuelles de 50 000 € et supporte des coûts variables de 40 € par chaise (fabrication, transport, packaging).
Taux de marge sur coûts variables
Le taux de marge sur coûts variables est un indicateur indispensable pour calculer le seuil de rentabilité.
Il correspond au pourcentage de chaque euro de chiffre d’affaires restant après avoir couvert les coûts variables. Les coûts variables concernent, entre autres, les matières premières, les coûts de production, les frais de transport, les commissions sur ventes, etc.
Taux de marge sur coûts variables = (Marge sur coûts variables / Chiffre d’affaires) × 100
📈 Marge sur coûts variables par chaise : Marge = Prix de vente - Coût variable Marge = 100 € - 40 € = 60 € TMCV = (60 € / 100 €) × 100 = 60 %
L’entreprise garde 60 % de chaque euro généré après avoir couvert ses coûts variables.
Formule du seuil de rentabilité
Seuil de rentabilité (SR) = Charges fixes / Taux de marge sur coûts variables
Plus le taux de marge sur coûts variables est élevé, plus le seuil de rentabilité sera faible et donc plus vite atteint.
📈 SR = 50 000 € / 60 %
SR = 83 333 € de chiffre d’affaires Nombre de chaises minimal à vendre pour atteindre le seuil de rentabilité = SR / Prix de vente = 83 333 € / 100 € = 833 chaises
L’entreprise doit vendre 833 chaises pour couvrir ses charges et atteindre son seuil de rentabilité. À partir de la 834ᵉ chaise vendue, elle commence à réaliser du bénéfice.
Les charges fixes
Comme leur nom l’indique, les charges fixes sont des charges incompressibles nécessaires au fonctionnement de l’entreprise et ce, indépendamment du volume de production, du chiffre d’affaires et des fluctuations de l’activité.
Pour estimer vos charges fixes et variables, vous aurez besoin de réaliser un compte de résultat prévisionnel.
Sont considérées comme charges fixes :
Les charges liées aux locaux :
Loyer, mensualité de remboursement de prêt ;
Énergie (eau, électricité, gaz)
Assurance des locaux.
Les charges de personnel :
Salaires des employés non liés à la production ;
Charges sociales (cotisations patronales) ;
Avantages sociaux (mutuelle, tickets restaurant, participation, intéressement).
Les charges financières et fiscales :
Intérêts d’emprunt ;
Impôts et taxes (CFE, CVAE, taxe foncière, etc.) ;
Honoraires de prestataires comptables et juridiques.
Les charges liées aux équipements et outils :
Amortissements des immobilisations (machines, véhicules, matériel informatique) ;
Contrats de maintenance et de réparation ;
Licences et abonnements logiciels (ERP, CRM, antivirus, PDP, etc.).
Les charges administratives et marketing :
Frais de télécommunications ;
Publicité et communication ;
Fournitures de bureau.
Les autres charges fixes :
Cotisations professionnelles et syndicats ;
Frais de déplacement récurrents.
À quoi sert le seuil de rentabilité ?
Comme indiqué plus haut, le seuil de rentabilité permet, en premier lieu :
d’évaluer la viabilité d’un projet d’entreprise ;
d’ajuster la stratégie de croissance d’une entreprise déjà installée.
Optimiser le pilotage financier et la gestion
Calculer son seuil de rentabilité vous évite de naviguer à vue. Cet indicateur vous permet de piloter sereinement votre activité et de vous assurer qu’elle est rentable, et ce, à chaque étape de son évolution.
Si vous vous lancez dans un projet d’entreprise, le seuil de rentabilité vous aidera à fixer des objectifs réalistes et à estimer la performance financière de votre activité.
Prendre des décisions stratégiques éclairées
La définition du seuil de rentabilité de votre entreprise vous permet d'établir vos prix de vente ou les tarifs de vos services. Vous pouvez également utiliser cet indicateur pour optimiser vos charges. En effet, plus celles-ci sont élevées, plus le seuil de rentabilité sera difficile à atteindre.
Embaucher du nouveau personnel, acheter de nouvelles machines, investir dans la R&D sont des décisions importantes pour lesquelles il faut tenir compte du seuil de rentabilité de votre entreprise. Ces investissements futurs impacteront le seuil de rentabilité, ce qui implique des objectifs revus à la hausse pour couvrir ces nouvelles charges.
Anticiper les risques
Si le seuil de rentabilité de votre entreprise n’est pas le seul indicateur à avoir à l’œil, il n’en est pas moins important pour anticiper l’avenir. Une baisse des ventes ? La perte d’un gros client ? Ces situations auront un impact certain sur votre chiffre d’affaires. Dans ce cas, il peut être nécessaire de revoir vos charges à la baisse pour revenir à l’équilibre.
Comment améliorer son seuil de rentabilité ?
Pour améliorer votre seuil de rentabilité, vous pouvez actionner deux leviers principaux, à savoir la marge sur coûts variables et les charges fixes.
Augmenter la marge sur coûts variables
Ce levier est possible en augmentant vos prix de vente si le marché le permet.
Pour augmenter vos prix, il est important de pouvoir justifier cette hausse, par la qualité, le service, ou la marque.
Si l’augmentation de vos prix n’est pas possible, vous pouvez envisager de réduire vos coûts variables. Cela engendre des négociations avec vos fournisseurs, l’optimisation des coûts de production ou encore la réduction des coûts de transport et de logistique.
Réduire les charges fixes
Autre possibilité : réduire vos charges fixes :
Renégociez vos loyers ou recherchez des locaux moins chers.
Réduisez les frais généraux.
Réorganisez le travail pour optimiser la productivité.
Externalisez certaines tâches pour réduire les charges salariales fixes.
Optez pour des outils numériques d’optimisation (ERP, CRM, automatisation de la facturation).
Augmenter le volume de ventes
Dernière possibilité, qui n’est pas la plus simple à mettre en place : l’augmentation du volume de vos ventes.
Cela inclut la mise en place d’une stratégie de communication qui peut augmenter vos charges.